Considérons l’expression tahitienne « fa’atura i te ture » (respecter/obéir à la loi) ! Pourquoi cette locution continue-t-elle à être employée à tort par nombre de Marquisiens alors qu’ils disposent de jolis mots équivalents dans leur langue ?
À leur décharge, cela fait longtemps que le mot "ture" a fait son nid dans la langue marquisienne puisque le dictionnaire Dordillon le mentionne.
1) - Sait-on, cependant, que ce mot remonte à la nuit des temps ? Il provient du mot hébreu « Torah » qui signifie « instruction », et qui se réfère à l’enseignement reçu de Dieu par Moïse au mont Sinaï, et transmis aux Hébreux qui conservaient les « Tables de la Loi » dans l’Arche d’Alliance.
À l’origine, le mot ture se réfère donc à loi divine, et ce sont les missionnaires protestants arrivés à Tahiti sur le Duff en 1797 qui ont dû importer ce mot en tahitien. Il s’est ensuite installé au sein des autres langues vernaculaires.
2) - Regardons dans le dictionnaire de l’Académie tahitienne !
Voyons ce qu’il dit du mot-racine tura à la page 529 : adj. digne, honorable, respectable ; n.c. honneur, dignité.
Par le jeu du préfixe causatif fa’a, on obtient le verbe fa’atura page 137 : honorer, respecter.
3) - Si l’on ne trouve pas de verbe « honorer » dans le dictionnaire de Mgr Dordillon, à la rubrique « respecter », page 176-II, on dit : pakaihi, pavea, kāòha.
a) - De nos jours, le mot kāòha a pris de nombreuses autres acceptions. Quant au mot pavea/pāvea , je l’ai découvert il y a peu et je ne l’ai jamais entendu prononcer.
b) - Le verbe aotahi, obéir, être docile, pourrait aussi être utilisé dans le contexte du respect de la loi.
Désormais, abandonnons fa’atura pour dire : « A pakaihi tātou i te ture ! A aotahi tātou i te ture ! A pāvea/pavea tātou i te ture ! »
Rédigé par Jacques Iakopo Pelleau en 2015 ; mis à jour en 2021.
Mis en conformité avec la graphie académique marquisienne le 20/08/2022.
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