Pour exprimer la notion de restriction, d’opposition ou de concession contenue dans la locution « même si », nombreux sont les Marquisiens qui utilisent à tort la construction tahitienne « Noa atu ».
1) - Afin d’obtenir des explications plus approfondies, vous pouvez consulter le dictionnaire de l’Académie tahitienne page 291/292. La grammaire de la même académie vous fournira d’autres éléments plus précis à sa rubrique 43.7.2 page 310.
2) - Regardons maintenant du côté marquisien.
*- À la page 197-I du dictionnaire Dordillon, on trouve les définitions du mot « noa : adv. Très, beaucoup ; sans but, sans motif ». Pas de lien avec « noa atu ».
*- Comme dans ce même dictionnaire on ne trouve pas de « même si », il faut chercher à la notion de concession introduite pas « bien que, quoique » pour trouver leur traduction : « e aha à, maià, maua ».
*- Si « maià » et « maua » semblent avoir disparu de l’usage actuel parce que leurs autres significations ont pris le dessus, ce n’est pas le cas de « e aha à » qui peut se construire de différentes manières :
- §- Avec un verbe :
« Bien qu’il ait plu, nous sommes partis à Hooumi ».
« E aha à ua ūa, ua hee tātou i Hooumi ».
- §- avec un nom :
« Malgré la pluie, nous sommes partis à Hooumi ».
« E aha à te ūa, ua hee tātou i Hooumi ».
*- Comme « même si » signifie « Qu’importe ! », au verbe « importer », pour traduire cette dernière expression, on lit « E aha à ! »
*- Il existe une autre expression marquisienne à la signification identique, c’est « Oa hei aa ! » que l’on trouve page 199-I.
Il est toujours mieux de faire revivre une expression ancienne plutôt que de laisser la langue tahitienne s’incruster en marquisien avec ses « noa atu » ou, pire encore, « Fo pa ha’apa’o ! »
Rédigé par Jacques Iakopo Pelleau en 2015
Mis en conformité avec la graphie académique marquisienne le 22/08/2022.