MARS 1863 : CODE DORDILLON/DE LA RICHERIE – Intégralité des textes officiels
L’année 1863 est l’« Annus horribilis » des ènana, particulièrement ceux de Nuku Hiva.
Incluse dans une période de grande sécheresse qui dure sept années, elle se poursuit en août par l’épidémie de variole qui fera plus de 1500 morts dans les mois suivant.
Elle se termine par la mort de Temoana, grand-chef de Nuku Hiva le 13 septembre.
Elle marque l’histoire des îles Marquises par la publication conjointe de Mgr René Ildefonse Dordillon et du Commissaire impérial Louis Eugène Gaultier de la Richerie d’un document intitulé du « Règlement du 20 mars 1863 pour la conduite des indigènes de l’île Nuka-Hiva » qui porte une interdiction massive sur tout ce qui faisait l’âme des Marquises et des Marquisiens
Contrairement à ce qu’on l’entend parfois, la langue ne faisait pas partie des interdits. Bien au contraire, depuis leur arrivée, elle fut étudiée par les missionnaires, Mgr Dordillon tout particulièrement, qui en avaient besoin pour évangéliser la population. Ce n’est qu’après la Seconde guerre mondiale que la IVème république s’est lancée dans une campagne de mépris des autres langues de la République en les bannissant du système éducatif ; une posture qui, malgré des améliorations, est toujours de mise.
Cet article publie en fac-simile tous les décrets concernant ce document qui provient des archives du BOEFO PF ; on peut y avoir accès en suivant ce lien.
Je remercie chaleureusement Gaëtan Girard-Ratrenaharimanga, premier conseiller de tribunal administratif et de cour administrative d'appel, en poste à Melun, mais aussi grand amoureux des outre-mers, et un fidèle lecteur, de m’avoir guidé jusqu’à ces précieux documents.
BREF RAPPEL HISTORIQUE
En février 1863, afin de mettre un terme au désordre qui règne dans l’archipel, Mgr Dordillon se rend à Tahiti où, en collaboration avec le Commissaire impérial Gaultier de la Richerie, il fait établir plusieurs arrêtés et un règlement concernant l’administration des Marquises.
De gauche à droite, le Commissaire impérial Louis Eugène Gaultier de la Richerie et Mgr René Ildefonse Dordillon
Le 19 mars, l’article premier de l’arrêté n° 18 réglant le service spécial stipule : « Le service spécial de l’archipel des Marquises sera dirigé par deux fonctionnaires nommés par nous et habitant la baie de Taiohae (Île Nuka Hiva). Ces deux fonctionnaires, le premier sous le titre de Résident, le second sous le titre de Directeur des affaires indigènes, relèveront de l’autorité des chefs de la colonie. »
Le 20 mars, Mgr Dordillon est nommé Directeur des affaires indigènes et est chargé de faire appliquer le Règlement pour la conduite des indigènes de l’île Nuka Hiva dont la liste des interdits peut être consultée dans les documents qui suivent.
De gauche à droite, Temoana dessiné par Adèle Dombasle en 1848,
et Stanislas Moanatini en avril 1893, cinq mois avant sa mort.
(Photo de Frederick William Christian)
Après la mort de Temoana le 12 septembre 1863, et l’application stricte des lois de 1863, le titre de grand-chef de Nuku Hiva revient à son seul héritier, son fils unique, Stanislas Moanatini (voir arrêté ci-dessous; BOEFO_1864_N05_p_121)
REMARQUE : Selon les experts financiers, un franc de l'époque équivaudrait à 3.27 €, donc 600 francs = 1962 € = 234125 cfp ; 2000 francs = 6540 € = 780418 cfp
Rédigé par Jacques Iakopo Pelleau - Septembre 2021 à Taiohae
Mis en conformité avec la graphie académique marquisienne le 16/09/2022.