HISTORIQUE MISSIONNAIRE DE UA POU : 1840 - 1904
NOTES SUR UA POU - 1
Texte dactylographié autrefois par le Père Alain Gilbert, retranscrit par Jacques Iakopo Pelleau, dans lequel on découvre un historique missionnaire de Ua Pou depuis 1840 jusqu’à 1904, date de la séparation entre les Églises et l’État.
En 1995, ce document m’avait été confié par Madame Moetini Hou-Yi, alors professeure de langue marquisienne au collège de Ua Pou, décédée en avril 2021. Un grand merci à cette grande dame ; koùtaù nui ia koe, e Moetini e !
Le titre et le contenu conduisent à penser qu’il existe une partie II, après 1904 ; affaire à suivre…
*- Les notes entre parenthèses avec * sont de Jacques Iakopo Pelleau
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C’est en mai 1791 qu’un Européen, Ingraham, de Boston, vit l’île pour la première fois et il l’appela Adam’s Island.
En juin de la même année, avant qu’Ingraham eût fait connaître sa découverte, le capitaine Marchand, de Marseille, contourna cette île et en prit possession à Haakuti ou Hakahetau (* D’après son journal, Marchand s’arrêta d’abord à Vaiehu (Baie du Bon Accueil) puis débarqua à Hakahetau le 22 juin 1791). D’autres donneront encore à cette île d’autres noms, comme Marchand qui lui donna le sien. L’usage n’a conservé que le nom indigène.
L’île pouvait alors avoir 2500 habitants dans les proportions de la distribution actuelle de la population de l’archipel dans les îles mais elle en aurait eu encore bien davantage si l’on tient compte des données peu sérieuses des différents voyageurs.
Une tribu habitant alors Aneou se nommait Ati Tikoei, du nom de son chef.
Le ministre anglican Crook passa par Ua Pou en 1798 mais, ne voyant partout que des esprits hostiles, il suggéra de s’éloigner à son capitaine Paulding qui crut devoir son salut à la prudente sagacité de son passager. (* C’était le capitaine Fanning, et ils échappèrent de près à une embuscade ; on peut lire ce récit en français en cliquant sur ce lien.
1839 - Le premier missionnaire catholique de Ua Pou fut le Père François d’Assise Caret qui arriva dans les premiers mois de 1839 avec le Père Saturnin Fournier ou Potentien Guilmard ; les Marquisiens les appelaient Tareta, Tatunino et Kiimata ; ces trois Pères s’y trouvèrent réunis quand la persécution obligea ceux de Taiohae à se retirer. (* Les missionnaires français arrivèrent à Taiohae le 9 février 1839 ; au retour de Temoana en novembre de la même année, les conflits éclatèrent et ils partirent à Ua Pou au début de 1840.)
1840 - À Hakahau, les Pères fondèrent le poste Haè Virikinia (* Du prénom Virginie, épouse du commandant Bernard du Pylade cité plus bas) ou de la Divine Providence. Ils allèrent à Hakahetau et restèrent à Haetoua mais ils étaient tellement victimes de vols, même de nourriture, que Saturnin et Guilmard cessèrent d’y aller.
Des Pères allèrent aussi à Hakamoui et Hohoi. Enfin, Caret allait jusqu’à Hakamaii où le chef Temoana, dont il se fit le nom (* = avec lequel il avait échangé son nom), lui construisit une maison à Paeei mais il quitta l’île sans y avoir habité.
Heato, chef de Hakamoui, mais cherchant à s’imposer à Hakahau et à l’île toute entière, n’avait ni bon cœur ni bon esprit quoiqu’il eût laissé les missionnaires s’établir à terre moyennant 6 livres de poudre payées par le commandant du navire. (* C’est le 3 mai 1840 que le commandant Bernard du Pylade fait escale à Hakahau et acquiert le terrain pour les missionnaires ; on peut lire la totalité de la mission du Pylade aux Marquises en cliquant sur ce lien.
1842 - En raison de ces dispositions hostiles et rebelles, les Pères quittèrent Ua Pou au commencement de 1842 et allèrent aux Gambier. Malgré les promesses de Heato de respecter ce qui ne pouvait être emporté, avant de faire porter leurs malles au rivage, le chef les fit passer par chez lui où il substitua des pierres aux objets soustraits. Cinquante-huit ans après, le chef Matohi détenait encore une clochette provenant de cette époque-là.
À Hohoi, les Pères s’étaient établis un peu en amont de la case de Teikitu, tout près de laquelle on reviendra s’installer à la reprise du poste.
1843 - La mission de Ua Pou fut reprise en 1843 par les RR. PP. François de Paule Baudichon et Orens Fréchou mais le premier partit pour Tahiti en février 1844 et fut remplacé par le Père Alphonse accompagné des Frères Ladislas (* Ladislas Ruault) et Vital (* ?). Le roi Heato et sa femme Tahiapeutoua auraient voulu voir partir les Pères mais Kiviuta, Hokatiri et Huemape les défendirent fidèlement contre leurs attaques. La reine imposa même le tapu sur les cochons de la mission, et il leur fallut sa permission pour en tuer. Le Frère Ladislas fut bien injurié et menacé pour avoir jeté une pierre à un chien qui voulait le mordre. Hokatiri tirait alors quelques coups de fusil comme pour dire qu’il était là, du côté des faibles, pour les garder.
Payant encore de sa personne, ce brave Hokatiri accompagnait les Pères à Hohoi pour décider les gens à prier. Mais, tombé malade après avoir mangé de la poule tapu à la Mission, il invoqua les dieux pour leur demander le remède à son mal.
À la Noël 1844, le Père Orens alla à Vaitahu pour assister au baptême du roi Maheono Grégoire, et en rapporta 3 orangers pour en doter Ua Pou, avec des pigeons. On avait déjà introduit à Ua Pou chèvres et bœufs en attendant les moutons.
1845 - Au commencement de 1845, la mort de Heato remplit le pays de troubles (* De nombreuses sources placent la mort de Heato en décembre 1844). Il fallait des victimes pour Heato qui, de son vivant, n’avait donné qu’injures aux missionnaires ; ils étaient les victimes naturellement désignées. Hokatiri, souvent si dévoué aux Pères, fut soupçonné d’avoir été chargé par Tahiapeutoua, de les lui sacrifier. Mais un navire français, l’Anna, commandant Dubuisson, passa et sa seule présence sauva les Pères.
Enfin la fête (* funéraire) de Heato approchait et tout était tapu, jusqu’au feu et aux feuilles de pandanus. Inconscients du danger, les Pères en firent ramasser quelques-unes.
Les Atipapa partirent en guerre à Paaumea, Apateki, Hakamaii et Hakaotu ; ils rapportèrent dix victimes, dont deux enfants, l’un mort. Les Pères allèrent à Hakamoui pour essayer de baptiser ce dernier mais ils le trouvèrent gardé par 50 prêtres qui ne les laissèrent pas s’approcher. Un jour suivant, le petit s’échappa mais, s’étant arrêté en haut de la montagne pour appeler à l’aide, il fut repris et immolé.
La prêtresse de Heato disait qu’il lui fallait encore trois victimes pour son autel. Un certain Pehikoai voulut transpercer le Père Orens de sa baïonnette sous le prétexte qu’il cherchait noise à ses enfants ; le Père se sauva et se cacha.
Pourtant la situation tendue se relâcha dans les semaines suivantes. La reine veuve de Heato se souvint peut-être qu’au temps d’un grand tapu imposé par son époux, elle avait dirigé ses pas vers l’enclos de la mission afin d’échapper au tapu et d’y faire cuire sa nourriture.
Elle, ou les prêtres de Heato, inspirés par elle, déclarèrent que la volonté du chef était de traiter désormais les Pères comme les Naturels du pays, et de leur donner de la nourriture s’ils en manquaient ; c’était le 15 février 1845, quinze jours après la fête de Heato.
Bien mieux, Vaeupoko et Mahiakeo (* deux femmes catéchumènes) se joignirent aux priants le 17 du même mois de février. Mais, la reine Tahiapeutoua, quoiqu’elle eût assisté à leur catéchuménat, n’y allait pas si vite, et elle fit tout son possible pour les faire assister à la fête de sa défunte mère Nonotini qui fut célébrée bien impudiquement. Elle échoua mais fit dire par les prêtresses qu’elles mourraient si elles persévéraient dans leurs résolutions. (* L’histoire nous dit que Temoana était le frère de Tahiapeutoua ; Nonitini serait donc aussi la mère de ce dernier ; voilà un nouvel indice à approfondir sur les origines de Temoana.)
Le Père Dumontel était à Taiohae ; le Père Orens fut transféré à Tahuata en avril 1845. Le Père Alphonse était à Ua Pou ; il semble que le Père Dominique était à Taiohae, et le Père Amable (* Petithomme) à Ua Pou. Au mois de juin 1846, le Père Alphonse porta à Vaitahu les nouvelles de Ua Pou et de Taiohae, et le Père Dordillon partit de suite pour Taiohae avec le messager.
Le 6 juin 1845, il expédia à Tahiti et Valparaiso le PP. Simon Dumonteil et Amable, et apprit le 12 du Père Dominique, parti peut-être récemment pour occuper le poste, que la guerre était imminente entre les Naiki et les Atipapa ; le lendemain, on se battit. Le 15, le Père Dordillon partit pour Ua Pou avec le Père Alphonse, et envoya à Taiohae le Père Dominique (* Fournon) pour occuper le poste et y être supérieur en place du Père Dumonteil, parti.
Après deux mois et demi de guerre atroce au cours de laquelle le Père Dordillon se dévoua en vain jusqu’à passer au camp ennemi au péril de sa vie, pour parler de paix, sans autre résultat que celui de comprendre que ses prétendus amis étaient ses plus perfides ennemis, un navire se montra, le Papeete, avec à son bord Mgr de Basilite (* Mgr François de Paule Baudichon, évêque de Basilinopolis), accompagné de deux Pères ; ils visitèrent plusieurs vallées, notamment Hakahetau et Haakuti. À Hakahetau, Vikaitee les reçut bien mais les chefs refusèrent de prier, ainsi qu’à Haakuti. Alors, Mgr de Basilite repartit avec le Père Alphonse, et le Père Dordillon resta seul avec le Frère Victorien (* Bertrand).
1846 - Le 8 septembre 1846, le Père Dordillon baptisa solennellement trois enfants sous les noms de Honoré, Caroline et Madeleine ; cette dernière, fille du chef Hokatiri, se disait sœur du Père Dordillon. Vikaitee de Hakahetau assistait à la cérémonie et ne quitta plus le Père.
Après une visite du Père Dordillon à la reine Tahiapeutoua en compagnie de Kiviuta, celle-ci vint prier le 15 septembre, malgré l’opposition des Naiki qui avaient promis de le faire aussi. Elle était accompagnée de Umapee et de Patoka, deux chefs de Hakahau du-haut reconnaissant son autorité, et elle eut son catéchuménat le 4 octobre.
Entre temps, le Père Dordillon, alla à Hakahetau le 14 septembre avec le chef de Hakahau et quatre néophytes ; Vikaitee, rendant l’hospitalité, les avait bien reçus.
Le 30 novembre, le Père Dordillon retourna à Hakahetau avec 18 personnes, et il commença l’instruction. Vikaitee entreprit la construction d’une église à l’endroit occupé en 1907 par la maison Kohumoetini.
En résumé :
- 8 septembre 1846 : baptême solennel des parents de Hokatiri.
- 15 septembre : la reine Tahiapeutoua vient prier
- 4 octobre : catéchuménat de la reine Tahiapeutoua.
- 1er novembre : baptêmes et mariages.
- 22 novembre : Mgr de Basilite baptise le chef Kiviuta qui se fixe dans l’enclos de la mission où il mourra.
- 28 novembre : La princesse Tahiakoetoua prie et on fait une belle fête. (* C’est la future première épouse de Stanislas Moanatini en 1864.)
- 29 novembre : catéchuménat de Hokatiri.
Le 28 au soir, au milieu de la plus grande joie, les sujets de la princesse qui n’avaient pas osé suivre son exemple, faisaient jouer leurs mousquets sur la montagne en signe de tristesse. Le lendemain, les guerriers Naiki en firent autant en apprenant que le chef Hokatiri avait abandonné les dieux du pays ; obligé de se décider, Hokatiri demanda à loger désormais dans l’enclos de la mission.
Le Père Dordillon ne voulait pas manquer ce moment de grâce et, le 30 novembre, lendemain de toutes ces fêtes, la prière était implantée à Hakahetau.
1847 - Les fêtes ne s’interrompaient pas, pour ne parler que des principales. Tahiakoetoua eut son catéchuménat le 17 janvier 1847, jour où fut bénie la chapelle de Notre-Dame de Paix à Hakahetau, près de la maison de Vikaitee. C’est aussi ce jour-là que furent célébrés, la première messe dans cette vallée, ainsi que le premier baptême, celui de Pakamenava François.
Malgré les apparences, la foi était peu solide ; la pénurie de missionnaires fit abandonner provisoirement Ua Pou le 11 juillet 1847 alors que la construction d’une église en pierres commencée le 5 avril était à peine achevée. Ua Pou restera sans missionnaire à poste fixe du 11 juillet 1847 au 7 mars 1849.
En août 1847, le Père Orens Fréchou visite Ua Pou où il trouve Vikaitee fidèle à la prière avec une partie des siens, qui lui assure que tout le monde prierait si l’on avait un missionnaire fixe pour instruire.
Le Père Orens revient en septembre et se rend à Hakahau, Hakahetau et Haakuti.
Kiviuta et Huiputoka se déplacèrent à Taiohae pour demander un missionnaire mais on se contenta de préparer aux sacrements les néophytes qui avaient suivi les Pères à Vaitahu et qui se trouvaient à Taiohae. Penapena fut reçu catéchumène et tous retournèrent dans leur île respective.
1848 - En février 1848, les Pères Orens et Dominique (* Fournon) allèrent à Hakahau avec Hokatiri ; ils rejoignirent Vikaitee à Hakahetau, puis tous allèrent à Haakuti parler de prière. Ils poursuivirent jusqu’à Hakaotu et Hakamaii où Vivau se joignit aux autres chefs pour décider, ou non, de prier.
Vikaitee accompagna les Pères à Taiohae. À leur retour huit jours plus tard, ils trouvèrent la situation suivante :
Kiviuta Louis-Philippe et sa femme instruisaient à Hakamaii.
Petero instruisait à Hakaotu.
Caroline et Tahiapaaani instruisaient à Haakuti.
Tauhi instruisait à Hakahetau.
Les Pères passèrent par Hakamoui, Paaumea et Hohoi où Teikitu et sa femme se joignirent à eux ; ils continuèrent sur Hakatao, Hikeu et Hakamaii. Teikitu resta à Hikeu pour instruire.
À Hakaotu, seule la fille de Vikaitee écoutait Petero ; à Haakuti, il y avait trois écoutants pour trois maîtres.
Tahiapeutoua n’était plus dans le mouvement et menaçait d’exiler ceux qui refusaient d’apostasier (= renoncer à leur foi) pour retourner vers les idoles. À Pâques, lors d’une visite missionnaire, Huiputoka et une dizaines d’autres personnes reçurent le catéchuménat.
1849 - Encouragés par cette persévérance, le 7 mars 1849, le Père Dominique reprend le poste en qualité de supérieur, secondé du Père Jean (* Lecornu) jusqu’au 6 juillet, date à laquelle arrivèrent le Père Orens et les Frères Victor (* Vallons ?) et Vital, entourés de tous les anciens néophytes.
Le 8 avril 1849, jour de Pâques, eut lieu à Hakahau, un premier catéchuménat présidé par le Père Dordillon. Les autres Pères s’occupaient surtout de Vikaitee de Hakahetau qui fut baptisé le 24 juin par le Père Dordillon en présence des Pères Dominique et Jean Lecornu.
Le 10 octobre, le Père Dordillon présida une fête de catéchuménat, de baptêmes et de confirmations préparées par les Pères Dominique et Orens.
1850 - En 1850, du 1er au 16 avril, le Père Dordillon se déplaça à Ua Pou où il visita Hapateki et Hakahetau ; il ramena le Père Orens à Taiohae et renvoya à Ua Pou le Père Jean pour y servir de supérieur.
Le 18 mai 1850, il y eut un nouveau catéchuménat à Hakahau, avec Huta entre autres.
Deux mois plus tard, les Atipapa cherchaient des victimes humaines parmi les Naiki, mais cela n’empêcha pas le Père Dordillon de venir à Hakahau pour le 15 août baptiser Penapena et le grand-prêtre Huiputoka.
Le 20 septembre se déroulèrent des confirmations à Hakahetau.
Le 29 septembre, bénédiction de la chapelle de Hapateki avec catéchuménat de Maneo et de sa femme.
Le 4 octobre, vingt ouvriers de Ua Pou se rendent à Taiohae afin de participer à la construction de la chapelle de l’Immaculée Conception au poste de Patoa (* à Taiohae).
Dans les derniers jours de décembre, le Père Dordillon revient à Ua Pou ; avec le Père Jean et le Frère Victor, ils visitent toute l’île et passent par Hakamoui, Paaumea et Hakatoa où Poehitu échangea son nom avec le Père Dordillon, et où Mahiakohe le prit pour fils. Ils terminèrent par Hakaohoka et Hakahau. Avant Noël, le Père Dordillon ramena les ouvriers de Taiohae et visita Hakahetau, Hapateki et Hakahau.
1851, 1852, 1853 – Pendant cette période, les détails manquent sur Ua Pou car les registres sont perdus, mais il est dit que l’île entière embrassa la prière.
En octobre 1853, le Père Jean fut envoyé fonder la mission de Fatuiva ; le Père Hippolyte (* Roussel) fut envoyé à Ua Pou. Teahieka fut baptisé à Hakahau sous le nom de Pioeiva.
1854 – À Hakahetau, Tahieka, chef de la tribu côté mer, fut baptisé Pioeiva (* Nom du Pape Pie IX).
À Haakuti, Kahuvaivai pria mais simplement en qualité de chef de prière ou des priants ; les chefs Matahua Tauakiitoto et Pahua se refusèrent à la prière. Vaikomau priera, mais seulement vers 1864 ou 1865, après la petite vérole (* On appelait alors ainsi la variole ; l’épidémie toucha le nord de l’archipel d’août 1863 à avril 1864 où elle fera 1532 victimes.)
À Hakaotu, le chef Tahiiauahi se fait baptiser sous le nom de Napoléon.
À Hakamaii, Temoana, le chef qui avait reçu le Père Caret, était probablement décédé mais Vivau, aussi appelé Tahonu ou Maufenua, pria et reçut le nom d’Adam à son baptême. Le chef Aatete, père de Vaehoka, fut baptisé « in articulo mortis » (* à l’article de la mort) le 18 mars 1862, et marié le même jour à Takaoa.
À Hapateki, Puhenua, chef, prit le nom de Pioeiva et soutint la prière.
À Hikeu, Hanehita, accepta la prière chez lui (Manaeita) (* ?) ; en 1856, au temps du Père Jean, il y avait une église à Hikeu.
À Hakatao, sous l’influence des deux chefs Maneo Dominique, mari de Rebecca Puehina, et Paehitu Renato, mari de Marianne Maupu, tous mariés le 25 janvier 1854 par le Père Dordillon, une chapelle de 20 à 24 mètres fut construite à Tuhiva, un peu au-dessus de la maison des chefs qu’habitera plus tard Luhiri (Paepae Taihikotoka) ; la maison du Père Dominique se trouvait au lieu-dit Tapumanihii, qui sera plus tard un hôpital.
À Hohoi, Teikitu pria et fit construire l’église près de son paepae ; il fut baptisé sous le nom de Fulgence en 1863, et mourut six jours plus tard.
À Hakamoui, Pivao Augustin se convertit et devint chef de prière ; une chapelle fut construite près de la mer. Les chefs Mamai favorisa un peu la Mission mais Vaikoipu, pas du tout. Au temps de Kohuopapa, une plus grande église sera construite près du chemin en haut de la vallée, à 100 mètres plus loin que le ruisseau du côté de Hohoi, au lieu-dit Haepapa.
1856 - Au bout d’un an et demi, soit en janvier 1856, après être passés par Omoa et Puamau, les Pères Jean et Fulgence (*Pouet) furent envoyés à Ua Pou, et les Pères Dominique (* Fournon) et Rousseau ( ?) à Puamau. Peu après, le Père Fulgence prit le service de Vaii (* Taipivai) où la population réclamait un prêtre.
1857- Grandes fêtes à Ua Pou
- Le 12 novembre, bénédiction de l’église de pierres de Hakahau sous le nom de Saint Étienne, première église en pierres du Vicariat.
- Le 14, confirmations à Hakahetau
- le 15, bénédiction de l’église de Hakatao où Tahiatuputoua écoutait l’instruction.
1858 – Le Père Jean est seul à Ua Pou ; en mars, il est rejoint par le Père Pierre (* Gérauld Chaulet) qui venait d’arriver de France et qui repartit aussi vite pour Aakapa où un missionnaire était demandé. En juin, le Père Jean revient à Nuku Hiva et le Père Fulgence prend sa place à Ua Pou.
1859 – La guerre divise Ua Pou en deux clans ; toutes les vallées s’allient contre Hohoi et Hakatao (Guerre Naiki-Tavaka) et il y a cinq victimes : Hokatiri, Hokomoehu, Mehevaha, Paatutae, Onehu ; Okomoehu, chef de Hakahetau, fut mangé ; on fit le « taotee » de Paatutae. Hokatiri fut tué par un Kohuopapa.
Le 14 décembre, Mgr Dordillon arrive à Hakamoui avec Temoana (* chef des Teii de Taiohae à Nuku Hiva), sa femme Élisabeth Vaekehu, Tumuihi, Pauto, Ihopu et Hakatuoe. la paix fut signée et, le lendemain, les chefs de Hohoi et Hakamoui réunis à Hakahau mangèrent un bœuf donné par la Mission puis, l’on partit pour Hohoi. La nuit fut passée en mer ; les chefs Teikitu et Tume reçurent bien leurs hôtes.
1861 – En 1861, le Père Fulgence maria le chef Kerekorio de Hakahetau à Keutini.
Le 2 octobre, il vit arriver le ministre de l’erreur (* = protestant) Kauealoha chassé de Hiva Oa et reçu à Ua Pou par Napu.
En 1863-1864, (* Pendant l’épidémie de variole), il fit plus de 500 baptêmes de mourants, et vit la plus grande partie de la population emportée par la petite vérole (= variole).
À Hakatao, après la mort des chefs d’en-bas, la population se porta sur les nouveaux chefs Itaako et Huehitu Rémi qui demandèrent qu’on construise une église en bois du pays à l’endroit où une église en planches sera construite en 1888.
En 1869, 1870, 1871 et 1872, le Père Fulgence fut remplacé par le Père Chrétien (* Willemsen), puis par le Père Privat (* Delpuech), avant de reprendre le service lui-même.
En 1879, de petites écoles s’établirent à Hakahau, Hohoi, Hakatao et Hakahetau puis elles furent regroupées à Hakahau ; en 1885, les élèves furent conduits à Taiohae et Hatiheu (* À cause de la dépopulation). le Père Fulgence demeura sur Ua Pou jusqu’en 1889, quasiment jusqu’à sa mort.
En 1890, Ua Pou fut visité par les Pères Siméon (* Delmas) et Pierre (* Gérauld Chaulet) ; en 1891, par les Pères Calixte (* Lecomte ou Dalet) et Martin (* Rogatien Martin, futur évêque) ; en 1892, par le Père Calixte ; en 1893, par les Pères Pierre et Siméon.
Comme sur les autres îles de l’archipel, l’opium y fit fureur, en même temps que l’eau de vie de coco (* Namu èhi). Les marchands chinois et autres vendaient la drogue. Le ministre protestant Kauealoha préférait l’opium à l’au de vie et dénonça une orgie de buveurs qui dénoncèrent sa contrebande, et il purgea six jours de prison.
Les excès de boisson produisirent de grands désordres, des accidents et des meurtres. Pendant cinq années, les garçons ne fréquentèrent plus les écoles et, bien que les parents dussent apporter à leurs filles nourriture et vêtements, ils les laissèrent à l’école, aux soins des sœurs.
Ua Pou fut encore visitée en 1894 par les Pères Jean Berchmans et Pierre ; en 1895, par les Pères Siméon et Pierre ; en 1896, par le Père Siméon ; en 1897 et 1898, par le Père Pierre et en 1899, 1900, par le Père Siméon.
En 1901, le Père Siméon s’y fixa, et Mgr Martin vint y administrer la confirmation en novembre. Une école fut ouverte à Hakahetau où une chapelle fut construite à l’emplacement procuré par le chef Hikitia passé du protestantisme au catholicisme. En 1901, elle fut bénie par le Père Siméon sous le nom de Notre-Dame de la Paix, tout comme la première chapelle qui fut transportée pour servir de presbytère.
En 1903, le Père Hyacinthe (* Méjean) fit une courte visite à Hakahetau, et le Père Émoi Serre desservit l’île tandis que le Père Provincial (* Siméon Delmas) était au Chapitre Général de juin 1903 à mai 1904.
Retranscrit par Jacques Iakopo Pelleau en septembre 2021 à Taiohae
Mis en conformité avec la graphie académique marquisienne le 16/09/2022.